Bonjour. Aujourd'hui nous allons faire le point sur un sujet qui revient en boucle dans le cadre des séances que nous dispensons et nous a conduits à étudier le lien entre le parage et les troubles chroniques de la chaîne de locomotion chez de nombreux chevaux.
Aujourd'hui, nous allons parler de parage.
Il est important d'abord de comprendre ce qui dans l'histoire de la collaboration entre le cheval et l'homme, nous a conduits à poser des fers sur les pieds de nos chevaux.
À une époque où ils étaient utilisés pour nous véhiculer, il nous a fallu nous adapter au fait qu'un cheval est limité dans son utilisation, notamment par l'usure de ses sabots en contact avec un sol souvent rugueux, éventuellement accidenté et sous la contrainte d'une embarcation. C'est ainsi qu'au lieu de remplacer le cheval aux pieds usés et le mettre au repos temporairement pour le remplacer par un autre, l'homme inspiré par une logique économique, a décidé de poser des fers sur les pieds des chevaux afin de s'éviter la gestion de plusieurs chevaux. Poussant les limites naturelles de son animal, cette mesure d'économie a hélas été sanctionnée d'une contrepartie qui a altéré l'équilibre physiologique du cheval dans son ensemble. En effet, privé d'une usure naturelle du sabot qui se trouve également être l'extrémité de la chaîne locomotrice, l'organisme a dû trouver des solutions pour se conformer à cette contrainte imposée par la main de l'homme. Enfermé dans cette structure métallique et privé de la possibilité de s'user et se conformer naturellement selon plusieurs variantes: activités de travail, routines de déplacement, variations de poids de l'animal et changements corporels, adaptation aux conditions climatiques et changements de son environnement; l'appareil locomoteur du cheval a dû repenser des moyens de compensation pour palier à la présence de cet artifice. Son but étant toujours le même: limiter les blessures et dommages collatéraux sur le reste de l'organisme et travailler à retrouver sa zone de confort.
Ainsi privé de la possibilité de gérer lui même la pousse et l'usure de ses pieds, il n'a véritablement pas eu d'autres choix que de reconformer et réorganiser tout ce qui pouvait l'être, à savoir, ce qui se trouve au dessus du sabot. C'est par cette ingérence dans l'organisation de la chaîne locomotrice que nous sommes aujourd'hui témoins chez nos chevaux domestiques pourvus de fers, d'inflammations chroniques de la chaîne musculo-tendineuse pour s'adapter à cette contrainte qui consiste pour le cheval à s'adapter régulièrement à la conformation imposée par le pareur. Nous rappelons ici que le phénomène inflammatoire est un mécanisme naturel, non pas une maladie, qui consiste à générer, remplacer des tissus endommagés ou ayant besoin d'être renforcés ou modifiés. On comprend donc ici le lien de cause à effet.
Malheureusement, cette obstination du parage a fini par toucher également les chevaux non pourvus de fers avec toutefois de moindres conséquences sur les systèmes vasculaire et lymphatique puisque la partie souple du pied du cheval en appui régulier sur le sol permet le retour veineux et la circulation de la lymphe (évacuation des toxines). Cela étant, nombre de chevaux non ferrés sont aujourd'hui sujets aux mêmes désordres et contraintes puisque la main de l'homme intervient également pour imposer un angle défini par le pareur sur les chevaux "pieds nus''. Méthode souvent injustement baptisée parage "naturel" alors même la nature n'a pas réellement sa place dans cette décision.
Un parage qui pourrait être dit "partiellement" naturel ou holistique (prenant en compte les contraintes de domestication) consisterait éventuellement à laisser le pied du cheval s'user naturellement au gré de son utilisation et de sa routine de déplacement. Si un coup de râpe peut se justifier pour compenser les éclats et garantir l'intégrité du sabot de nos chevaux sans en changer sa conformation générale, nous sommes aujourd'hui bien loin de cet état de fait. C'est ainsi que nous avons actuellement des chevaux non seulement privés de leur routine de déplacement naturel à cause de la domestication mais également obligés par la conformation imposée par la vision du pareur. On le dit souvent: les principales causes de désordre de santé chez nos animaux domestiques sont hélas étroitement liées à notre sur-interventionnisme. C'est fort de ce constat que depuis plusieurs mois, nous avons tenté une expérience sur nos propres chevaux. Nous avons décidé de limiter l'entretien de leurs pieds à un léger coup de râpe minimaliste périphérique sans changer la conformation du pied (ni barre, ni talon, ni pince, ni sole, ni fourchette,...) mais de strictement arrondir les éventuelles brèches et d'observer le résultat après plusieurs mois. Avec cette routine minimaliste, et sans rien changer à la conformation des sabots de nos chevaux, nous avons pu faire l'agréable constat d'une pousse de sabot qui s'est adaptée à la routine de nos chevaux au fil des semaines ainsi qu'un pied qui s'est globalement renforcé et une conformation qui a également changé régulièrement au gré des saisons sans remettre en cause l'intégrité de la locomotion de nos chevaux et avec un confort jusqu'à présent inégalé. Si par le passé, nous avons pu constater des petits désagréments passagers dans la locomotion de nos chevaux, avec ces nouvelles dispositions, ils ont tous totalement disparu.
Cela nous a également permis de comprendre le principe par lequel un cheval dont les pieds se voient imposer un angle particulier et une usure artificielle n'a d'autre choix que de d'adapter continuellement sa chaîne musculo-tendineuse et d'être, de fait, en inflammation chronique avec toutes les conséquences qui en découlent: régénération chronique des tissus et évacuation des toxines liées au phénomène inflammatoire dans la recherche constante de se replacer dans la zone de confort.
Cela répond à beaucoup de questions en ce qui concerne l'interprétation que nous faisons de certains "troubles" de la locomotion chez nos chevaux : les crises de fourbure, les abcès, les seimes, les défauts et compensations ou déformations, etc. Il est donc important de prendre conscience par ce retour d'expérience, que dans la chaîne locomotrice d'un cheval c'est bien au pied de se conformer naturellement à la physiologie du cheval et non l'inverse pour éviter toutes les maladies chroniques que nous constatons aujourd'hui. On l'entend souvent: un cheval en bonne santé est un cheval bien dans ses pieds. Ayons donc l'intégrité et l'humilité de nous rappeler sans cesse que la nature n'a pas attendu que l'homme s'intéresse à la santé pour trouver les solutions. Laissons la nature nous inspirer. 🙂
Merci d'avoir pris le temps de lire cet article. En espérant qu'il puisse mettre peut être éclairer les propriétaires des chevaux concernés par ces désordres. Portez vous bien.


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